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Sujet : Twin Peaks
Auteur : Mortis Ghost
Parution originale :
12 juin 2009
Parution sur le site :
17 juin 2009
Dernière mise à jour :
17 juin 2009

Aloha camarades, je suis là pour me venger, et poster ici un nouvel article interminable sur un sujet pas vraiment intéressant... comme d'habitude. Le sujet d'aujourd'hui est une série datant du début des années 90, et selon pas mal de gens, ayant révolutionné le genre par une approche aujourd'hui devenue courante, mais à l'époque assez originale du feuilleton. C'est peut-être du au fait que les créateurs originaux de la série ne sont autres que Mark Frost et David Lynch, ce dernier assez connu pour ses longs métrages basés sur une ambiance onirique et parfois même assez difficile d'accès.

Personnellement je n'ai précédemment vu que deux films de ce réalisateur pourtant plébiscité : Mulholland Drive, sorte de rêve éveillé tentant régulièrement de se rattacher à la réalité sans jamais y arriver vraiment, et Lost Highway, pareil en pire. J'aime bien ces deux films, mais avouons-le, je ne les porte pas non plus dans mon cœur comme des joyaux absolument indispensables à voir. Ils sont bizarres, intéressants et dégagent une ambiance très particulière, mais restent à mon goût un peu trop inaccessibles au public, à l'image de certains tableaux contemporains. Enfin, c'est pas à ce point là, mais parfois c'est dommage.

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Quoi qu'il en soit, j'étais méfiant envers cette série. Si la touche de David Lynch est plutôt plaisante sur un film de deux heures, garderait-elle son intérêt en étant étalée sur vingt-sept épisodes de 45 minutes (et deux pilotes d'une heure et demi) ? Cela me semblait peu probable, et la perspective de passer autant de temps devant des délires malsains et hermétiques me laissait un peu de bois. Puis ACC m'a montré quelques vidéos très drôles sur youtube, et mon oncle (le même qui avait l'amiga, pour ceux qui suivent) m'a passé la première saison en version originale, que j'ai regardé la bouche ouverte, et enfin, j'ai reçu pour mon dernier anniversaire, l'intégrale de la série dans un très joli coffret, avec en bonus des sous-titres en français, luxe ultime qui m'a permis de revoir tout depuis le début et de comprendre un peu mieux, et enfin, de regarder la vingtaine d'épisodes qui me séparaient de la fin, et de me construire un vrai avis à propos de Twin Peaks.

L'intrigue démarre sur la mort de Laura Palmer, jeune fille habitant dans la ville de Twin Peaks (justement), violée et emballée dans du plastique avant d'être balancée dans le lac, puis explore l'impact que la découverte du corps aura sur tous les habitants du coin apparemment paisible, et bien évidemment, l'enquête de police qui sera réalisée par le shérif Truman, mais aussi par un nouveau venu en ville, l'agent Dale Cooper du FBI, dépêché sur place pour l'occasion. Assez vite on se retrouve submergé sous une vague de personnages, tous plus attachants, mystérieux et intéressants les uns que les autres. Les secrets dissimulés par les habitants vont tous petit à petit s'effriter, des relations nouvelles vont se créer, d'autres se briser. Une série télé quoi, en fait.

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Mais attention, car derrière son synopsis assez classique, son générique d'intro complètement kitch, son jeu d'acteurs parfois forcé, Twin Peaks aborde finalement pas mal de thèmes intéressants, comme les souvenirs, la mort, les phénomènes inexpliqués, et bien évidemment, comme toute bonne série télé, l'amour. Une des grandes qualités de Twin Peaks étant celle-ci : Si la femme au foyer standard peut la regarder entièrement au premier degré et se retrouver passionnée par les romances à l'eau de rose qui s'y multiplient et l'enquête policière qui avance aussi vite qu'un âne dont on aurait bétonné les pattes et qu'on trainerait avec une corde, un amateur de cinéma un peu plus cultivé peut aussi y trouver son bonheur, grâce au second degré très présent, au sentiment de malaise étonnant qui revient régulièrement, aux quelques scènes "lychiennes" dispatchées dans le tas et, en fait, à la profondeur générale de l'ensemble, tout marche très bien, le côté pastiche se fond au côté plus crédible pour former un objet difficilement analysable, mais qui dans tous les cas scotche la plupart des gens que je connais, et quelque soit leurs goûts, devant leur écran. Bon, maintenant y'en a qui tiennent pas jusqu'à la fin, mais aaah pfff tssss.

J'aimerais passer un peu de temps à vous présenter chaque personnage et vous dire pourquoi je les ai tous trouvés intéressants (sauf Bobby), mais si tout d'abord ça serait spoiler à mort, ça serait aussi détruire un des intérêts de la série qui est la découverte de chacun de ces habitants de la ville, leurs qualités, leurs travers, et les raisons pour lesquelles on s'y attache. Quoi qu'il en soit, sachez que si vous commencez à regarder Twin Peaks, vous risquez d'avoir du mal de décrocher, tiraillé entre l'envie de savoir ce qu'il va arriver à tous ces nouveaux amis télévisuels que vous vous serez faits, et entre l'effet hypnotique que certaines scènes va pratiquer sur votre cerveau. Qui plus est, la bande son, toujours entre kitch assumé, ambiance rétro (valable pour toute la série, en fait) et émotion véritable, ne fait que contribuer à cette aura si particulière.

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Voilà, et au terme de ce vingt-neuvième épisode, je peux vous dire qu'en tous cas, moi, j'ai adoré Twin Peaks, et que si d'habitude il me faut des personnages animés qui se battent et qui utilisent des mots grossiers pour que j'accroche à une série, là ça marche étonnamment très bien sans aucun de ces ingrédients. Au final, pour moi Twin Peaks est la meilleure chose sortie de l'esprit de David Lynch et que j'ai eu la chance de voir jusqu'à aujourd'hui. Plus accessible que les autres productions que j'ai vu de lui, plus drôle et plus émouvant, le tout avec plusieurs niveaux de lecture, mais pas pour autant de trifouillis intellectuels incompréhensibles au non-initié. Je le conseille donc à tout le monde, si vous avez déjà été attiré par l'ambiance de Lynch sans vraiment adhérer à l'aspect hermétique de la chose, ici c'est pareil mais pour les humains normaux, et en plus c'est plutôt comique.

A noter qu'un film est sorti aussi, retraçant les évènements qui se sont produits avant la mort de Laura, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir donc je ne saurais rien en dire. Voilà ^^



flècheTexte de Mortis Ghost sous licence CC-by-nc.
flècheImages © ABC.